- Une vocation précoce et durable
- « La peinture, c’est avant tout du dessin »
- Influences et coups de cœur
- « Le motif, c’est ce qui motive »
- L’atelier
- Une œuvre secrète
« A 98 ans, je commence seulement à comprendre ce qu’est l’ART ! Mais c’est trop tard, je ne pourrai plus rien faire… »
Jean LEFORT nous disait cela au dernier jour d’une vie consacrée à tenter de saisir cet « invisible » qui fait la beauté, l’âme, la puissance, la délicatesse de ce qui nous entoure, se désespérant de ne pouvoir suffisamment fixer dans une œuvre sa « perception de l’invisible ».
Cela nous rappelle cette phrase de P. Cézanne à la fin de sa vie : « Je suis trop vieux, je n’ai pas réalisé et je ne réaliserai jamais, »
Une vocation précoce et durable
Dessinateur et peintre depuis son tout jeune age, il n’avait pas encore 10 ans lorsque son oncle, reconnaissant ses talents, lui offrit une boite d’aquarelle…
A la veille de sa mort, très affaibli sur son lit d’hôpital, il dessinait encore ce qui était à sa portée : sa main gauche, ses pieds, les plis des draps, son voisin et surtout les arbres aperçus par la fenêtre, les arbres… comme pour se raccrocher à la vie.
Il est mort un carnet de dessin à la main, un ouvrage de Alexandre Hollan sur la table de chevet…
« La peinture, c’est avant tout du dessin »
Son dessin, puissant, expressif, sobre, structure toute son œuvre. Présenter ses dessins serait suffisant pour illustrer sa personnalité structurée, rigoureuse, exigeante, austère, et son travail. Il eut, comme professeur de dessin, des élèves devenus célèbres, tel Jean Nouvel qui reconnaissait la puissance de son dessin, à coup sûr un dessin d’architecte rigoureux, solide, charpenté, élégant, aérien.
« Peindre, c’est dessiner avec des couleurs ! » Après le dessin, essentiel pour lui, l’huile et l’aquarelle dominent son œuvre picturale. Sur de périodes plus courtes, il a abordé la sculpture, la céramique, la gravure sur bois, l’eau-forte, la caricature, l’illustration,…
Influences et coups de cœur
Il fut influencé et confirmé dans sa voie par Maurice Albe et surtout Lucien de Maleville qui lui prodigua de nombreux conseils. Il fréquenta des académies de dessin à Paris et partagea l’atelier de Marcel Deviers à Sarlat.
Il portait aussi un intérêt particulier à de nombreux peintres tels Rembrandt, Paul Cézanne, Georges Rouault, Nicolas de Staël, Pierre Tal Coat, Paul Rebeyrolle, Ferit Iscan, Piet Moget, Alexandre Hollan, Pierre Soulages, Loic Le Groumellec, Jean-Roger Sourgen, Léon Zack, Zoran Music, Mathurin Meheut, Georges Laporte, Roger Bissière, Robert Yan,… sans oublier les artistes préhistoriques !
Il aimait l’Espagne, sa culture et ses peintres, attiré tant par l’austérité espagnole que par la créativité catalane : El Greco, Diego Velasquez, Francisco de Goya, Pablo Picasso, Joan Miro, Antoni Tapies et, découverts sur le tard, Josep Martinez Lozano, Manel Plana,…
« Le motif, c’est ce qui motive »
Il riait souvent des amateurs se plaignant de ne pas trouver de motif suffisamment beau pour que leur œuvre soit belle ! Pour lui, « le motif, c’est ce qui motive »… et tout le motivait !
Un simple caillou ou bout de bois devenait une œuvre puissante tant il cherchait, à l’aide de nombreux dessins vigoureux et enlevés, à en révéler les structures, les harmonies, les forces, les contrastes, l’âme… tant il cherchait à « voir ce que l’on ne voit pas », poussant sa recherche jusqu’à l’abstraction.
Mais indubitablement la rivière Dordogne, les arbres et les fleurs ont été ses principales et constantes sources de motivation.
L’atelier
Il a vécu un carnet de dessin à la main ! Où qu’il aille, il voyait toujours quelque chose qui motivait un dessin. Il avait toujours dans la poche quelques bouts de papier et un stylo bille. Ou un petit sac avec de l’encre de chine, une plume, une boite d’aquarelle rouillée et un pinceau très fatigué.
Il a rarement peint à l’huile en extérieur, préférant réaliser en atelier une synthèse de ses dessins. Par contre, toutes ses aquarelles ont été réalisées en extérieur pour mieux saisir les atmosphères, les lumières. Il n’a pas fait non plus la fortune des marchands d’articles de beaux-arts, réutilisant ses toiles en les grattant jusqu’à la corde, usant ses pinceaux jusqu’à la virole !
Une œuvre secrète
Artiste solitaire, il montrait rarement son travail. Il nous a laissé des centaines de tableaux et d’aquarelles et des milliers de dessins. Les éléments essentiels de son œuvre, classés par thèmes et lieux de prédilection, vous seront présentés ici au fur et à mesure qu’ils seront numérisés.